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Ni une chose, ni un ordinateur, ni un animal ne peut se dire : "c'est moi qui suis en train de lire cette page". Seul un sujet peut le faire et pour être un sujet, il faut d'abord être doué d'une conscience : par cette dernière, il a directement accès à son propre monde intérieur. Il semble qu'il s'agit ici de la voie royale qui conduit à la connaissance de soi. Or il n'est pas rare de se rendre compte, non seulement que cette connaissance directe de soi n'est pas totalement claire (cf. sentiment amoureux) voire que nous nous trompons sur nous-mêmes (on peut se mentir à soi-même). Comment alors  parvenir à la connaissance de soi ? De façon directe ou par des voies détournées?

 

  1. Comment un sujet peut-il être certain du savoir qu’il peut avoir de lui-même ?
    1. « je suis une chose pensante » Descartes. On peut reprendre ici la conception de Descartes qui conduit de la découverte du « cogito ergo sum » à « sum res cogitans » : un sj peut se tromper sur ce qu’il est, mais il y a au moins une chose dont il ne peut douter : qu’il existe quand bien même il ne serait sûr de rien voire qu’il serait convaincu d’être trompé. Même si ce que je pense est faux, il n’en demeure pas moins que je pense.
    2. mais ne suis-je que cela ? Cependant, quand je pense, ma seule certitude porte sur le fait que je pense et que je suis une chose qui pense, mais en aucun cas je ne sais ce que je suis concrètement  et psychologiquement. Or tout sujet est un sj « incarné », Sartre dirait « en situation » : j’ai un sexe, un certain âge, j’habite tel pays, j’ai telles convictions, telle éducation…
    3. je ne peux me réduire à des déterminations purement extérieures. L’avantage ici est d’avoir une connaissance totalement objective de soi : on peut décrire toute personne par une série de caractéristiques sociales et biologiques. Mais il est tout aussi évident que ces caractéristiques, pour être importantes, ne sont pas essentielles(il est possible qu’elles aient été différentes) au sj et lui sont avant tout extérieures(on ne peut réduire une personne à une description socio-biologiques). Il faut revenir à l’intériorité.

 

  1. Comment puis-je vraiment voir clair en moi ?
    1. ce que je suis se réduit-il à ce dont j’ai conscience d’être ? Il semble évident que le meilleur moyen de se connaître est l’observation directe de soi. Cependant on peut se demander si cette introspection est infaillible. Non seulement, je peux me tromper sur moi-même, mais cette connaissance de soi est fortement suspecte de partialité. Comment le sj peut-il être objectif à l’égard de lui-même ?
    2. le « non-conscient ». En outre, on peut se demander si ce que le sj perçoit de lui-même est tout le sj. N’y a-t-il pas, derrière ce qui est perçu consciemment des mobiles, pulsions, réalités inconscientes ? Ex : derrière l’amour que l’on croit désintéressé peut se trouver un désir d’être aimé ou de ne pas être seul.
    3. le poids du passé. Tout individu ayant une histoire fondamentalement distingue de tout autre individu, on peut croire que cette histoire le constitue. Or, non seulement il paraît difficile de connaître parfaitement cette histoire, mais encore, il paraît encore plus difficile de savoir comment elle a déterminé le sj. Comment pourrait-il avoir alors une connaissance satisfaisante de lui-même ?

 

  1. Suis-je le mieux placé pour savoir ce que je suis ?
    1. la nécessité d’un tiers. Autrui joue un rôle capital dans la constitution du sj ; en outre l’expérience montre qu’il est meilleur juge du sj que le sj lui-même (qui peut être le prisonnier d’illusions ou tout simplement victime de partialité). L’exemple du rôle du psychanalyste constitue une autre preuve de l’importance d’un tiers dans la connaissance du sj par lui-même.
    2. la complexité du sujet. Il semble impossible de réduire une personne à une seule dimension : pour se connaître au mieux, il lui faut considérer un maximum de caractéristiques. Ni sj pleinement désincarné, ni somme de déterminations socio-biologiques, toute personne a un caractère universel et une situation dans le monde qui la spécifie. Se connaître, c’est d’abord avoir conscience de la complexité constitutive de tout homme.
    3. d’où la multiplicité des voies de la con de soi. On voit par conséquent que, pour se connaître, le sj devra explorer sinon la totalité, du moins le plus grand nombre des facettes qui le composent. Du même coup, on conçoit parfaitement qu’aucune discipline ne saurait se prévaloir d’une connaissance pleinement satisfaisante du sj  et que la connaissance de soi se présente avant tout comme un défi que le sj se lance à lui-même.
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