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24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 16:28

L’erreur, l’illusion et la philosophie

L’illusion offre un aspect négatif : elle est croyance et opinion fausse. En ce sens elle se rapproche de l’erreur. Illusion comme erreur sont commises en toute bonne foi (sans quoi erreur ne serait que mensonge). Il est clair que l’une des fonctions première de la philosophie sera de dénoncer l’erreur : elle partage ce rôle avec toute discipline prétendant au titre de savoir et notre thèse reviendra à dire que, dès que la philosophie aura fait valoir qu’une opinion n’est qu’erreur et que celle-ci sera reconnue comme telle, la philosophie aura accéder au rang de science. L’histoire de la philosophie et de son rapport à la science nous en apporte l’enseignement. Mais dénoncer l’erreur n’est pas la fonction essentielle de la philosophie même si elle n’a de cesse de le faire. Elle partage en effet ce rôle avec toute discipline qui se veut savoir. Or notre but est ici de discerner ce qui distingue la philosophie de toute autre tentative de penser le réel.

Il est important de voir que l’illusion a également un aspect positif : celui qui en est victime croit sincèrement à cette chose fausse qu’il affirme quand bien même il aurait conscience de sa fausseté. En ceci consiste la force de l’illusion. La simple erreur se distingue ainsi de l’illusion car l’erreur ne résiste pas à sa réfutation : j’ai fait par exemple une erreur dans un raisonnement, le professeur me montrera où celle-ci se trouve et si je comprends son explication, il n’y a plus de raison que je me trompe sur ce point. Au contraire, une illusion survit à sa réfutation. C’est là, pensons nous, le domaine propre de la philosophie. Il ne lui incombera pas la tâche de détruire les illusions : cette entreprise semble impossible d’être menée à bien. Plus modestement elle devra pointer du doigt les illusions dont est victime l’esprit humain à défaut de pouvoir les dissiper. Il ne s’agira pas alors de s’en libérer mais simplement de s’en prémunir.

Prenons un exemple. « Lorsque nous regardons le soleil, écrit Spinoza, nous imaginons qu’il est distant de nous d’environ 200 pieds », ce qui est loin d’être la vérité. Cependant, une fois réfutée par le savoir des astronomes, cette illusion persiste : malgré notre connaissance de la vraie distance du soleil à la terre, « nous n’imaginerons pas qu’il est proche ». La connaissance vraie ne fait pas disparaître la perception illusoire. Cet exemple nous montre qu’un travail sur l’illusion est nécessaire en plus de la recherche de la vérité des faits. Abandonnons cette dernière aux sciences : la philosophie ne peut plus sérieusement rivaliser. Mais les sciences laissent persister l’illusion. L’illusion consistera donc l’objet de la philosophie : l’esprit humain, malgré tout son savoir, reste confronté aux illusions de toutes espèces. Il nous faudra en prendre conscience : la philosophie aura pour but de discerner ces illusions. Non pas faire disparaître les opinions et les conceptions illusoires mais aider à les concevoir comme telles. Tâche à la fois modeste et considérable.

Pour ces trois raisons (discerner l’illusion, s’en prémunir, ne pas en être dupe), notre démarche sera délibérément sceptique et relativiste. La grande tâche de la philosophie - et son fardeau- sera alors de mettre en application une vaste entreprise de problématisation. Ce en quoi elle ne peut constituer une science. Nous laisserons aux idéologies et aux religions - fussent celles des droits de l’homme- le soin de fournir des réponses.

L’erreur, l’illusion et la philosophie

L’illusion offre un aspect négatif : elle est croyance et opinion fausse. En ce sens elle se rapproche de l’erreur. Illusion comme erreur sont commises en toute bonne foi (sans quoi erreur ne serait que mensonge). Il est clair que l’une des fonctions première de la philosophie sera de dénoncer l’erreur : elle partage ce rôle avec toute discipline prétendant au titre de savoir et notre thèse reviendra à dire que, dès que la philosophie aura fait valoir qu’une opinion n’est qu’erreur et que celle-ci sera reconnue comme telle, la philosophie aura accéder au rang de science. L’histoire de la philosophie et de son rapport à la science nous en apporte l’enseignement. Mais dénoncer l’erreur n’est pas la fonction essentielle de la philosophie même si elle n’a de cesse de le faire. Elle partage en effet ce rôle avec toute discipline qui se veut savoir. Or notre but est ici de discerner ce qui distingue la philosophie de toute autre tentative de penser le réel.

Il est important de voir que l’illusion a également un aspect positif : celui qui en est victime croit sincèrement à cette chose fausse qu’il affirme quand bien même il aurait conscience de sa fausseté. En ceci consiste la force de l’illusion. La simple erreur se distingue ainsi de l’illusion car l’erreur ne résiste pas à sa réfutation : j’ai fait par exemple une erreur dans un raisonnement, le professeur me montrera où celle-ci se trouve et si je comprends son explication, il n’y a plus de raison que je me trompe sur ce point. Au contraire, une illusion survit à sa réfutation. C’est là, pensons nous, le domaine propre de la philosophie. Il ne lui incombera pas la tâche de détruire les illusions : cette entreprise semble impossible d’être menée à bien. Plus modestement elle devra pointer du doigt les illusions dont est victime l’esprit humain à défaut de pouvoir les dissiper. Il ne s’agira pas alors de s’en libérer mais simplement de s’en prémunir.

Prenons un exemple. « Lorsque nous regardons le soleil, écrit Spinoza, nous imaginons qu’il est distant de nous d’environ 200 pieds », ce qui est loin d’être la vérité. Cependant, une fois réfutée par le savoir des astronomes, cette illusion persiste : malgré notre connaissance de la vraie distance du soleil à la terre, « nous n’imaginerons pas qu’il est proche ». La connaissance vraie ne fait pas disparaître la perception illusoire. Cet exemple nous montre qu’un travail sur l’illusion est nécessaire en plus de la recherche de la vérité des faits. Abandonnons cette dernière aux sciences : la philosophie ne peut plus sérieusement rivaliser. Mais les sciences laissent persister l’illusion. L’illusion consistera donc l’objet de la philosophie : l’esprit humain, malgré tout son savoir, reste confronté aux illusions de toutes espèces. Il nous faudra en prendre conscience : la philosophie aura pour but de discerner ces illusions. Non pas faire disparaître les opinions et les conceptions illusoires mais aider à les concevoir comme telles. Tâche à la fois modeste et considérable.

Pour ces trois raisons (discerner l’illusion, s’en prémunir, ne pas en être dupe), notre démarche sera délibérément sceptique et relativiste. La grande tâche de la philosophie - et son fardeau- sera alors de mettre en application une vaste entreprise de problématisation. Ce en quoi elle ne peut constituer une science. Nous laisserons aux idéologies et aux religions - fussent celles des droits de l’homme- le soin de fournir des réponses.

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