Les circonstances de la vie conditionnent-elles la liberté?
Lorsqu'il s'agit de juger un assassin, on cherche à expliquer son acte par des mobiles ou des événements passés. Tout se passe comme si son geste avait été déterminé par des circonstances extérieures : il ne serait que l'effet de causes qui l'auraient précédé. Le meurtrier lui-même se présenterait comme le jouet des circonstances extérieures. Ici, pas de liberté : elle est détruite par ces dernières. Or il y a là quelque chose qui résiste à la pensée : il est difficile de concevoir un homme dont les actes seraient entièrement dépendants des circonstances extérieures et l'on a tendance à donner à tout individu la possibilité de s'extraire de ces circonstances. On lui accorde ainsi la capacité d'être libre. Mais le problème se pose aussi à ce niveau. Quand bien même un homme aurait le pouvoir d'être libre, c'est-à-dire de s'extraire du conditionnement des circonstances extérieures, l'exercice de ce pouvoir ne dépend-il pas précisément de telles circonstances.
Tout le problème est de savoir à quoi tient la liberté. S'agit-il d'un pouvoir inhérent au sujet et qui ne dépendrait que de lui (cf. notion de libre arbitre), abstraction faite de toute circonstance extérieure? Ou s'agit-il d'une faculté d'agir qui doit se traduire dans les faits pour exister et qui pour cette raison devrait composer avec les circonstances extérieures et pourrait être conditionnée par ces dernières?